OBOR Echec en Malaisie : Trois titanesques projets chinois annulés

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Mahathir bin Mohamad annule trois projets chinois de construction d’infrastructures 

« Les occasions dans lesquelles les schémas d’infrastructure chinois à l’extérieur causant publiquement des problèmes se multiplient, ce qui salit la réputation de l’initiative de l’OBOR (One Belt One Road ou La route de la Soie) affirme James Kynge du Financial Times, le 9 juillet 2018.

En effet, il se trouve qu’un pays participant au titanesque projet chinois vient de couper l’élan à celui-ci : la Malaisie. Après son retour au pouvoir en 2018, le premier ministre malaisien Mahathir bin Mohamad annule trois projets de construction d’infrastructures par la Chine. Ceux-ci prévoyaient l’émergence de deux gazoducs et d’une ligne de chemin de fer ECRL (East Coast Rail Link). De plus, une ligne de train passant par la Thaïlande et la Malaisie (évalué à 17 milliards d’euros) fut également annulée : il s’agissait du projet le plus ambitieux des routes de la soie. Si la Malaisie a refusé ces projets de modernisation, c’est en partie car elle a flairé le fameux « piège de la dette ». Ayant été en difficulté financière, elle peinait à trouver des investisseurs occidentaux ; et c’est selon le schéma classique que la Chine a pris sa place et est devenue son premier partenaire commercial. Seulement l’importation de la main-d’œuvre chinoise au détriment de la locale a poussé la Malaisie à remettre en question cette alliance inégalitaire. Mahathir mit en place le plan « Malaisia First » et pour ce faire, se rendit au Japon afin d’obtenir des prêts souples. Le but étant de ne pas s’enfermer dans une relation d’exclusivité qui dans ce contexte, se rapproche d’une nouvelle forme de colonialisme.

Ce brutal rejet entraîne bien plus de conséquences sur les desseins chinois qu’on ne pourrait le penser. Premièrement, cela aurait pu permettre à la Chine de réclamer une contrepartie à la Malaisie : celle de gérer les tensions en mer de Chine méridionale. Cependant elle affirme « qu’elle défendra ses droits » et que ces eaux doivent rester internationales. Deuxièmement, le « dilemme de Malacca » place l’Empire du Milieu en position de vulnérabilité : 40% du commerce mondiale circule par ce long couloir maritime ainsi que 80% du pétrole importé par la Chine. Ce point de passage entre Malaisie, Indonésie et Singapour renforce cette position de dépendance : car Singapour entretient d’étroites relations avec les Etats-Unis d’Amérique, éternel rival de la Chine. L’alliance avec la Malaisie lui aurait promis une valeur sûre de protection en cas de blocus américain.

L’exemple de la Malaisie marque un essoufflement des « Routes de la Soie » et remet en question tout un projet d’expansion commerciale.

Hélèna Silvani

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