Cannes 2022 Triangle of Sadness de Ruben Östlund

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Triangle of Sadness

Triangle of Sadness

de Ruben Östlund

Triangle of Sadness, un film suédois, est une comédie impitoyable qui se passe chez les ultra-riches et célèbres.

Le film démarre par un casting de modèles masculins. On apprend que les grandes marques exigent que leurs mannequins présentent une mine sinistre lors des défilés. Or les marques bon marché, ont besoin des sourires des modèles.

Carl (Harris Dickinson), mannequin et sa petite amie top model Yaya (Charlbi Dean) ne se fréquentent que depuis peu. Mais le couple est déjà à un point crucial de sa relation. Carl n’est pas sûr de sa carrière, son manque d’argent est un peu un point sensible. Une scène qui se passe au moment de l’addition dans un restaurant illustre l’atrocité et la drôlerie de leur relation que l’auteur a voulu nous offrir. Pour le restaurant, c’est Yaya qui s’est proposé d’inviter Carl, mais quand le serveur dépose la note sur la table, elle détourne le regard, se consacre davantage à son téléphone.

Voyant ce manège, Carl se révolte et ne cède pas. Yaya finit par accepter de régler. Mais sa carte de crédit est refusée !

Le réalisateur Ruben Östlund, spécialisé dans la satire sociale, mène une lutte des classes en plantant son décors dans le milieu des influenceurs et des riches. Il s’attaque aux privilèges et à la richesse. La hiérarchie sociale et économique est mise à nu. Les rires sont gérés avec un timing comique de précision.

Carl et Yaya bénéficient d’une croisière de luxe gratuite sur un yacht plein d’ultra-riches. Une paire d’oligarques russes, un couple anglais qui est marchand d’armes. Chacun est doté d’une histoire d’origine grotesque, d’une soif pour des choses les plus raffinées, comme le champagne, le caviar… Malgré leur place confortable au sommet, l’argent tourmente l’esprit de ces élites. Ces désirs les poursuivent alors même qu’ils se retrouvent bloqués sur une île.

Woody Harrelson est parfait en tant que capitaine. Il s’enferme généralement dans sa cabine en se saoulant. Il est marxiste et déteste chaque instant qu’il est obligé de passer avec les riches réprouvés à bord de son navire. Mais lorsque le dîner du capitaine tourne mal, le virage spectaculaire de Woody Harrelson amplifie encore plus les rires. Le film éclate alors dans tous les sens, mélangeant le nauséabond avec le parfum de luxe. L’atmosphère vous laisse mal à l’aise, mais l’effet s’avère particulièrement efficace.

Östlund a su créer une certaine profondeur pour ses personnages. Elle vous permet de les haïr et de les plaindre dans une égale mesure. Le film, malgré la durée de 2 heures et demi, ne s’essouffle jamais et préserve à tout moment sa splendeur.

Bigna Margaretha Grieder