Hongkong plus de 5000 personnes manifestent dans l’aéroport contre les extraditions vers Pékin

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Manifestation à Hongkong : la cheffe de l’exécutif redoute «un chemin sans retour»

Par AFP — 
Carrie Lam, la cheffe de l'exécutif de Hong Kong, lors d'une conférence de presse le 5 août 2019
Carrie Lam, la cheffe de l’exécutif de Hong Kong, lors d’une conférence de presse le 5 août 2019 Photo Anthony WALLACE.

AFP Libération Des centaines de militants pro-démocratie manifestaient de nouveau à l’aéroport international de Hong Kong mardi, au lendemain d’un rassemblement de milliers d’entre eux qui a provoqué la fermeture inédite de cet aéroport

Les violences vont pousser Hongkong vers «un chemin sans retour», a averti mardi la cheffe de l’exécutif hongkongais pro-Pékin Carrie Lam, alors que des centaines de militants pro-démocratie manifestaient de nouveau à l’aéroport international de Hongkong, a constaté l’AFP, au lendemain d’un rassemblement de milliers d’entre eux qui a provoqué l’annulation des vols au départ et à l’arrivée de cet important hub international.

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L’ex-colonie britannique traverse sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997. Parti début juin du rejet d’un projet de loi hongkongais qui entendait autoriser les extraditions vers Pékin, le mouvement a considérablement élargi ses revendications pour dénoncer le recul des libertés et les ingérences de la Chine dans les affaires intérieures. La mobilisation, de plus en plus marquée par des heurts entre radicaux et forces de l’ordre, constitue un défi inédit pour le gouvernement central, qui a dit lundi y déceler «des signes de terrorisme».

«Pensez à notre ville!»

La cheffe de l’exécutif hongkongais – qui est désignée par Pékin -, Carrie Lam, a exclu toute concession et mis en garde mardi, à nouveau, contre les conséquences pour la région semi-autonome, une des capitales mondiales de la finance. «La violence, que ce soit son utilisation ou son apologie, poussera Hongkong sur un chemin sans retour et plongera la société hongkongaise vers une situation très inquiétante et dangereuse», a affirmé Carrie Lam lors d’une conférence de presse. «La situation au cours de la semaine écoulée m’a fait craindre que nous ayons atteint cette situation dangereuse», a-t-elle ajouté, les larmes aux yeux. «Je demande à nouveau à tout le monde de mettre leurs différences de côté et de se calmer», a-t-elle poursuivi. «Réfléchissez cinq minutes, pensez à notre ville, voulez vous vraiment qu’elle soit poussée vers l’abysse ?»

Mardi matin, le trafic a repris à l’aéroport de Hongkong. Les enregistrements des passagers ont recommencé depuis l’aube tandis que plusieurs centaines de manifestants rejoignaient le terminal pour un nouveau rassemblement. De nombreux vols restaient annulés, dont environ 200 pour la seule compagnie honkongaise Cathay Pacific qui a demandé à ses voyageurs de reporter tout déplacement non essentiel.

«Oeil pour oeil»

Au quatrième jour de ce rassemblement inédit dans l’aéroport, le nombre de manifestants présents a connu lundi une très forte augmentation pour dépasser la barre des 5000 personnes unies dans la dénonciation des violences policières. La police a indiqué que certains manifestants s’étaient rendus dans le hall des départs, alors qu’ils s’étaient jusqu’alors cantonnés sur les arrivées, dans le but de sensibiliser à leurs causes les voyageurs atterrissant à Hongkong et pour minimiser la gêne pour les opérations de l’aéroport.

Mardi, Frank Filser, 53 ans, avait toutes les peines du monde pour retrouver un vol pour l’Allemagne où il doit se rendre auprès de son père malade du cancer, et en phase terminale. Mais il a dit comprendre la mobilisation: «Ils se battent pour Hongkong». La plupart des pancartes et banderoles qui avaient été accrochées en quatre jours dans le hall des arrivées ont été retirées, mais des graffitis demeurent, dont certains disant «œil pour œil». Le slogan a été adopté par les manifestants en référence à une femme qui a été grièvement blessée au visage dans des échauffourées dimanche soir.

Vidéo chinoise

Des médias ont rapporté qu’elle avait perdu un œil et les protestataires soutiennent qu’elle a été touchée par un projectile tiré par la police, ce qui témoigne selon eux d’un usage démesuré de la force par les autorités. La fermeture rarissime de cet aéroport qui a accueilli 74 millions de passagers en 2018 avait été décidée lundi au moment où le gouvernement central chinois musclait sa rhétorique. «Les manifestants radicaux de Hongkong ont à plusieurs reprises eu recours à des objets extrêmement dangereux afin d’attaquer des policiers, ce qui constitue déjà un crime grave et révèle de premiers signes de terrorisme», avait accusé le porte-parole du Bureau des affaires de Hongkong et Macao, Yang Guang.

Comme pour ajouter à la guerre des nerfs déclenchée par la presse de Pékin, deux médias publics, le Quotidien du peuple et le Global Times, émanations directes du Parti communiste, ont diffusé des vidéos censées représenter des blindés de transport de troupes se dirigeant vers Shenzhen, métropole aux portes de Hongkong. La vingtaine de véhicules de la police militaire «se préparent à des exercices de grande ampleur», a affirmé le Global Times.

AFP

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