L’histoire de ma femme

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L’histoire de ma femme

Ildiko Enyedi

La réalisatrice hongroise Ildiko Enyedi adapte le roman de son compatriote Milan Füst. L’histoire, située à Paris et Hambourg dans les années folles de 1920, d’un couple parfait qui se désire puis se déchire. Une histoire de jalousie et d’infidélité conjugale entrecoupée par des tentatives malheureuses d’un homme pour contrôler sa mystérieuse épouse.

Dans l’une des premières scènes de « L’histoire de ma femme », le capitaine Jakob Störr (Gijs Naber) parie, dans un café où il noie son chagrin,  qu’il épousera la première femme qui entre dans l’établissement. Son copain hausse les épaules.

Enfin, Lizzy pousse la porte. Le  capitaine de la marine marchande lui demande sa main. Elle est d’accord. Telles furent les rencontres dans les pays nordiques durant les années 1920.

Lizzy et Jakob ont une relation déroutante et en grande partie sans amour, ce qui n’est pas particulièrement surprenant pour deux personnes qui se sont mariées juste après s’être rencontrées.

Constatant que les hommes de Jakob le respectent, admirent son courage et son professionnalisme à bord, sachant que lui seul pourrait sauver un bâtiment en flammes, apprivoiser la météo, Lizzy reste toutefois glaciale et impénétrable, dépourvue d’émotions perceptibles. Lorsqu’ils sont au lit, elle scrute les aiguilles de l’horloge. L’indifférence de Lizzy lui fait mal.

Soupçonnant toujours sa femme des pires infidélités. il se perd dans une jalousie insensée. Et lorsque Störr apprend la possible infidélité de sa femme, il ne dit rien, refoulant ses inquiétudes en lui-même,

Pour rester proche d’elle, il accepte un travail de bureau. Mais la ville n’est pas faite pour cet homme nourri de chimères. Il sait gérer les urgences majeures en mer, mais sur terre, il se perd. La mer, les embruns, la solide camaraderie lui manquent.

De l’amour, il n’attend plus grand-chose.

Avec tous ces ingrédients, Enyedi voulait faire un usage délibéré du regard masculin pour raconter une histoire sur la vision du monde patriarcale.

Le film est joué parfaitement par les comédiens et très bien servi par la mise en scène, par le travail de décors, de costume, de maquillage, de coiffure. Pourtant cette rutilante beauté a du mal à accélérer le rythme du récit dans une projection de 3 heures qui a besoin parfois de salutaires bouffées d’air frais.

Nhan NGUYEN DINH