Ukraine avec la nouvelle tactique : anéantir l’approvisionnement russe avant de lancer la contre-offensive

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Explosion en Crimée

Anéantir l’approvisionnement russe à la source avant de lancer la contre-offensive

– Des explosions sur une base militaire et un dépôt de munitions en Crimée. Quelques jours après, le jeudi 18 août 2022 à la frontière russo-ukrainienne, un dépôt de munitions à Belgorod a pris feu. 

 

– Bombarder le pont Antonovsky, voie d’approvisionnement essentielle pour les Russes

« Un dépôt de munitions a pris feu près du village de Timonovo », situé à moins de 50 km de la frontière ukrainienne dans la province de Belgorod, a déclaré dans un communiqué le gouverneur de la région, Viatcheslav Gladkov.

Sur une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, on pouvait voir une énorme boule de feu dégageant une épaisse colonne de fumée noire. Sur une autre, plusieurs explosions en succession rapprochée pouvaient être vues au loin.

Le feu qui s’est déclenché jeudi intervient en pleine épidémie d’explosions touchant des installations militaires russes en Crimée.

Plusieurs dépôts de munitions déjà ciblés

Début août, l’explosion de munitions destinées à l’aviation militaire près de l’aérodrome militaire de Saki, a fait un mort et plusieurs blessés. Quelques jours plus tard, c’est un dépôt de munitions qui était soufflé par des explosions. Dans ce dernier cas, Moscou a admis, fait rare, un acte de « sabotage ».

L’enjeu du pont Antonovsky, voie d’approvisionnement essentielle pour les Russes

Une vue générale du pont Antonovsky fermé aux civils, après qu'il ait été la cible de tirs dans la ville de Kherson, en Ukraine, contrôlée par la Russie, le 27 juillet 2022.
Une vue générale du pont Antonovsky fermé aux civils, après qu’il ait été la cible de tirs dans la ville de Kherson, en Ukraine, contrôlée par la Russie, le 27 juillet 2022. REUTERS – ALEXANDER ERMOCHENKO

En Ukraine, dans la région de Kherson occupée par les Russes, le pont Antonovsky aurait de nouveau été la cible de bombardements ukrainiens. À la veille des six mois de guerre, l’enjeu de ce pont reste crucial puisqu’il s’agit d’une voie d’approvisionnement essentielle pour la Russie dans le sud de l’Ukraine.

Le pont Antonovsky constitue l’un des seuls points de passages au-dessus du Dniepr, le fleuve qui traverse l’Ukraine du nord au sud. Sans ce pont qui relie la ville de Kherson à la rive orientale du fleuve, les troupes russes pourraient se retrouver isoler de leur approvisionnement.

C’est l’une des seules routes qui traverse le fleuve et les troupes ukrainiennes sont décidées à affaiblir l’armée russe postée à Kherson. Lundi 22 août, les sources locales affirmaient que les frappes avaient coupé le pont routier et l’auraient touché au moment où des camions russes chargés de munitions passaient. Sans ce pont, il sera difficile pour Moscou de faire parvenir à ses soldats du matériel militaire, de la nourriture ou même des renforts. 

Dans ce but, Kiev aurait également bombardé le barrage de Kakhovka, en amont de Kherson. C’est la dernière voie routière sur le Dniepr contrôlée par les Russes. Pour contrer ces frappes, les Russes auraient alors déjà commencé à construire un pont flottant pour rallier Kherson et le sud de l’Ukraine, selon les renseignements britanniques. Mais cette nouvelle infrastructure pourrait encore être visée par les bombes ukrainiennes.

La semaine dernière, Kiev menaçait Moscou de frapper le pont de Kertch qui relie la région annexée de Crimée à la Russie. Principale porte d’entrée pour approvisionner l’armée russe sur la péninsule, l’Ukraine sait que le bombardement de cette route serait très symbolique.

Photo prise le 21 juillet 2022 qui montre des cratères sur le pont Antonovsky de Kherson, causés par un tir de roquette ukrainien.
Photo prise le 21 juillet 2022 qui montre des cratères sur le pont Antonovsky de Kherson, causés par un tir de roquette ukrainien. AFP – STRINGER

Couper les chaînes d’approvisionnement pour « lancer la contre-offensive ukrainienne »

Couper les Russes de leur soutien à l’est serait un coup dur pour Moscou, mais cela permettrait à Kiev de vraiment lancer sa contre-offensive, explique la députée ukrainienne Ievghenia Kravchuk : « Nous devons couper ces chaines d’approvisionnement de façon à ce que nos soldats puissent libérer le territoire le moment venu, quand ils seront prêts et auront assez d’armement pour lancer la contre-offensive. »

La députée ukrainienne précise que c’est aussi pour cela que les troupes ukrainiennes visent des dépôts de munition, dans le Donbass occupé ou encore la région de Kherson : « Et c’est pour cette raison que nous avons besoin des armes occidentales de haute précision, qui peuvent frapper très spécifiquement là où se trouvent les stocks. D’autant que nous avons à présent un accès permanent aux données satellites, donc nos miliaires savent exactement où viser. »

Il y a déjà environ 40 petits villages dans la zone de Kherson qui ne sont plus sous occupation, et depuis le 6 juillet, les Russes n’ont annoncé aucun gain significatif de territoire, pas même dans le Donbass, explique Ievghenia Kravchuk : « Donc si on coupe les ravitaillements, si on affaiblit suffisamment la logistique de l’armée russe, l’étape suivante pour nous, ce sera de libérer l’ensemble des territoires occupés, et aller de plus en plus loin. »