Festival de Cannes 2023 : Camera d’Or pour Phạm Thiên Ân / Prix de la Míse en scène pour Trần Anh Hùng

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« Camera d’Or » pour 

L’arbre aux papillons d’or 

réalisé par Phạm Thiên Ân

Nguyễn Đình Nhân

 Le Festival de Cannes, est l’un des plus grands festivals de cinéma au monde, comparable à la cérémonie des Oscars aux États-Unis. Cette année, en 2023, le festival a décerné le Prix de « la Mise en scène » au réalisateur Trần Anh Hùng, ainsi que le Prix de « La Caméra d’Or », qui récompense le meilleur premier film, au jeune réalisateur Phạm Thiên Ân. Le film « Pot-au-Feu » de Trần Anh Hùng a été tourné en France, tandis que le film « L’arbre aux papillons d’Or » (Bên trong vỏ kén vàng) a été tourné au Vietnam.

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« L’arbre aux papillons d’Or » est le tout premier long métrage du réalisateur vietnamien Phạm Thiện Ân. Cette œuvre cinématographique, à la fois envoûtante et philosophique, s’impose comme un petit chef-d’œuvre captivant qui touche les contemporains de tous horizons.

Dès les premières scènes du film, nous sommes plongés dans un restaurant où trois amis discutent de la foi et de l’existentialisme. Un croyant fervent et un sceptique engagent un débat sur les puissances supérieures et la facilité de croire en elles. Cependant, c’est le troisième ami, Thiên, qui confesse : « Je veux croire, mais mon esprit me retient encore. » Ainsi débute son propre voyage spirituel, dans l’espoir de trouver l’illumination tant recherchée.

Alors que leurs discussions se poursuivent, deux motos se percutent violemment à l’intersection voisine, au cœur de l’agitation urbaine. Thiên n’en prend conscience que lorsqu’il reçoit un appel téléphonique urgent de l’hôpital, lui apprenant que sa belle-sœur Hanh et son neveu Dao (Nguyen Thinh) sont impliqués dans l’accident. Malheureusement, Hanh succombe à ses blessures, mais son jeune neveu survit miraculeusement.

Déterminés à ramener le corps de Hanh dans leur village natal, Thien et Dao entament un voyage chargé d’émotions. Une fois arrivés au village, après de nombreux rites funéraires s’étendant sur plusieurs jours, Thien  se résout à retrouver son frère, disparu mystérieusement des années auparavant, afin de lui confier la garde de Dao. C’est alors que son esprit analytique, qui l’a empêché jusqu’ici de se tourner vers la foi, va être véritablement mis à l’épreuve.

Dans les premières parties du film, lors du périple de Thien de la ville à la campagne, la durée des plans varie au rythme de la vie elle-même. Parfois, le réalisateur abandonne l’ellipse, comme dans la scène où Thien conduit sa moto en temps réel, 15 minutes, jusqu’au village voisin pour rendre hommage au vieil homme Monsieur Lưu, qui a préparé le corps de sa belle-sœur. Monsieur Lưu raconte des histoires de son passé, et au cours de cette longue conversation, la subtile mouvance de la caméra captive davantage le public, l’immergeant encore plus dans le récit.

Pendant son voyage, Thien retrouve une ancienne petite amie, Thao (Nguyen Thi Truc Quynh), devenue religieuse dans un couvent qui gère l’école locale où Thien prévoit d’inscrire Dao. Plus tard, en passant par une structure de béton abandonnée qui contraste avec l’environnement verdoyant de la forêt, Thien plonge dans son passé en voyant apparaître une jeune femme qui entre et sort du champ. Il s’agit de Thao, mais plus jeune, éperdument amoureuse de Thien. Elle est le fantôme du passé de Thien qui le hante. Une mémoire qui prend vie dans le présent !

Thao a finalement trouvé Dieu, un chemin que Thien n’a pas encore entièrement parcouru.

Le rythme très lent du film laisse une grande place à l’interprétation pour le spectateur, et offre généreusement le temps nécessaire pour contempler ses magnifiques et mystérieuses images, notamment une scène nocturne où des papillons blancs prennent vie dans un arbre avant de s’envoler, symbolisant ainsi la libération du cocon jaune. Une métaphore saisissante du voyage intérieur de Thien.

Ce premier long métrage est un petit chef-d’œuvre, une initiation à la découverte et à la quête de la foi. Le réalisateur a pris soin de laisser les grandes questions sur la foi et l’existentialisme sans réponse, permettant ainsi au public de poursuivre sa propre recherche du sujet.

« Inside the Yellow Cocoon Shell » est un film qui séduira les passionnés de cinéma d’art. Dans une narration subtile avec des images fortes , Phạm Thiện Ân confirme son talent d’auteur et de réalisateur, et laisse une empreinte indélébile dans le paysage cinématographique contemporain.

Nguyễn Đình Nhân