Un héros de Asghar Farhadi Festival de Cannes 2021

Un-héros

Un héros

Asghar Farhadi

Rahim (Amir Jadidi) est en prison pour dettes depuis trois ans parce qu’il doit 150 000 tomans à Bahram (Mohsen Tanabandeh). Pendant deux jours de liberté surveillée, Rahim et sa petite amie, Farkhondeh (Sahar Goldust) prévoient de vendre 17 pièces d’or qu’elle a trouvé à un arrêt de bus dans un sac à main.

L’or aurait pu contribuer au remboursement de sa dette. Le créancier Bahram, propriétaire d’un magasin de photocopies est le beau-frère de l’ex-femme de Rahim ; selon la loi iranienne, Rahim peut être libéré lorsqu’il rembourse la dette ou si Bahram accepte de pardonner. 

Rahim et Farkhondeh essaient d’abord d’écouler les pièces, mais lorsqu’ils réalisent que les pièces ne valent pas autant qu’ils l’espéraient, Rahim prend la décision de rendre l’objet à son propriétaire légitime. Il fait installer des pancartes demandant au propriétaire du sac de l’appeler à la prison.

Cette « honnêteté » a rendu Rahim célèbre. 

La force du film de Farhadi réside au fait que chaque scène révèle sa propre vérité. Ses actions sont éclairées par les détails sur le parcours de l’ex-femme de Rahim. 

Les autorités pénitentiaires tirent aussi parti de la bonne action de Rahim pour détourner l’attention d’un suicide récent. Rahim est aussi un héros pour son fils, Siavash (Saleh Karimai), qui bégaie. La présence de l’enfant contribue à rendre son père plus attachant. 

Une association caritative vient en aide aux démunis décerne à Rahim un certificat de mérite et lui collecte des fonds pour rembourser son créancier. De plus, ils l’aident à trouver un travail pour payer le solde de sa dette.

Cependant, Bahram n’est pas convaincu de l’honnêteté de Rahim et de son histoire. 

Des rumeurs commencent à circuler concernant la véracité de l’histoire de Rahim, et lorsque l’officier du renseignement de l’organisme de bienfaisance veut vérifier ce qui s’est passé, le récit devient plus intrigant.

Bien que très soucieux de son honneur et de sa réputation, il fait souvent des choses déshonorantes, entre autres, demander aux gens de mentir, ou provoquer des échauffourées entre débiteur et créancier. 

Cette façon d’exploiter l’ambiguïté morale, faire le bien pour les mauvaises raisons et faire le mal pour les bonnes raisons, constitue l’essence de ce récit.

Bigna Margaretha Grieder