Annette de Leos Carax

Annette
The 74th Cannes Film Festival - Photocall for the film "Annette" in competition - Cannes, France, July 6, 2021. Cast member Marion Cotillard poses. REUTERS/Johanna Geron

Annette

de Leos Carax

Film d’ouverture du Festival de Cannes de 2021

Carax apparaît dans un studio d’enregistrement de Los Angeles, donnant le coup d’envoi alors que les frères Ron et Russell Mael, connus sous le nom de Sparks, commencent à chanter « So May We Start ? »

Avec une musique des Maels et un scénario co-écrit par eux et le réalisateur, Annette commence assez drôlement, alors qu’une voix solennelle demande toute notre attention, nous avertissant de ne même pas respirer pendant le film – ni même chanter, rire, bâiller, huer ou péter. Carax lui-même préside une session d’enregistrement, avant que lui, ses stars, les Maels et les choristes défilent dans la rue dans une longue prise, pour l’ouverture « So May We Start » – le moment le plus joyeux d’une affaire autrement étonnamment sombre.

Cotillard et Driver jouent les amants Ann Defrasnoux, une célèbre soprano lyrique, et Henry McHenry, un comique de stand-up qui se produit sous le sobriquet « le singe de Dieu ». Vêtu d’un peignoir vert, Henry se spécialise dans une forme agressive d’anti-comédie autoréflexive avec de la musique; il est un succès prometteur, bien que son style cynique et appât du public suscite plus tard des réactions de colère. Pendant ce temps, Ann se spécialise dans le « chant et la mort », comme le dit Henry – avec un montage démontrant que les héroïnes d’opéra sont presque invariablement victimes de la violence masculine.

Le couple, décrit dans les médias à potins comme « La belle et le bâtard », est un couple étrange mais profondément amoureux. 

Ils ont un bébé, Annette. Elle est jouée par une marionnette, créée et exploitée par Estelle Charlier et Romauld Collinet – Le film plonge profondément dans le domaine de l’opéra aux influences surnaturelles, alors qu’Annette affiche des pouvoirs surnaturels – qu’Henry décide d’exploiter avec l’aide d’un chef d’orchestre (Simon Helberg), ancien accompagnateur et amant d’Ann.

Dans l’ensemble, c’est un film au rythme étrange. La mise en scène est extravagante et souvent épique. L’acte scénique agonistique d’Henry est exagérément long, tandis que d’autres séquences sont bousculées alors qu’elles ont à peine eu le temps de respirer. 

Quant aux rôles principaux, Cotillard dégage une nervosité fragile et rêveuse, et des éclats de ravissement érotique, dans un rôle sous joué, tandis que le charme et la chaleur habituels de Driver disparaissent petit à petit dans son personnage.

Le film est flamboyant, étrangement oppressant.

Nhân NGUYEN DINH