76e Festival de Cannes 2023
Bonne moisson, parée de particularités dont le film chinois » Le printemps-La jeunesse « de 3h40 sur la lutte désespérée de la classe laborieuse contre les capitalistes rouges
Nguyễn Đình Nhân
Cette année, le 76e Festival de Cannes a été marqué par quelques faits particuliers qui ont légèrement modifié le paysage habituel de cet événement presque centenaire. Lors de la cérémonie d’ouverture, les mots prononcés par Catherine Deneuve – Ce soir nous célébrons le cinéma (…) mais cela ne nous empêche pas de penser à ceux ailleurs qui vivent une toute autre vie. Je pense beaucoup à l’Ukraine – ont réchauffé le cœur des Ukrainiens.
Cependant, lors de la cérémonie de clôture, au moment où le nom du film « Anatomie d’une chute » a été annoncé comme la Palme d’Or, Justine Triet, la réalisatrice, qui a pu réaliser ce film grâce aux financements du CNC, de France TV et de différents organismes d’État, a surpris tout le monde en crachant sur ses bienfaiteurs
D’autres événements marquants ont eu lieu à Cannes en 2023, notamment deux films diamétralement opposés : « La passion de Dodin Bouffant » de Trân Anh Hùng et « Club Zero » de Jessica Hausner. Dans le premier, la gastronomie est la voie vers le paradis, tandis que dans le deuxième, le jeûne mène au nirvana.
Un autre fait exceptionnel, les deux seuls réalisateurs vietnamiens sélectionnés à Cannes ont raflé chacun un prix : « La passion de Dodin Bouffant » réalisé par Trần Anh Hùng, récipiendaire du prix de la Mise en scène, et « L’arbre aux papillons d’or » de Phạm Thiên Ân, remportent la Caméra d’Or. Ces deux films ont été projetés vers la fin du festival.
Le film « Jeanne du Barry » de Maïwenn, a été présenté en ouverture du Festival de Cannes 2023. L’histoire se déroule dans un somptueux décor de Versailles. Bien que le film ait plu au public, certains ont regretté son manque d’émotion.
Parmi les premières projections, un documentaire épique de près de 4 heures, intitulé « La jeunesse – Le printemps », du réalisateur chinois Wang Bing, a surpris les habitués. Après deux heures de projection, certains spectateurs impatients ont quitté la salle. Pourtant, il s’agit d’un excellent astucieux reportage qui montre la cadence infernale des ouvriers et les conditions de travail pénibles. Le réalisateur montre aussi les négociations difficiles entre ouvriers et patrons – les Français remarqueront l’absence de la CGT ici – dans différentes usines à travers la République populaire de Chine. Le film s’inscrit dans la droite ligne de Lénine, représentant la lutte des classes contre les capitalistes. Le silence sur le nom de ces capitalistes qui exploitent la classe laborieuse chinoise et l’absence de commentaire illustrent l’intention intime du réalisateur Wang Bing.
La plupart des films sélectionnés sont de bonne qualité dans l’ensemble. Nous sommes reconnaissants envers les sélectionneurs de nous avoir épargné l’omniprésence des frères Dardenne cette année. L’inévitable Ken Loach est également revenu avec une réalisation toujours de bonne qualité. Toutefois, son film « Old Oak » regorge de bons sentiments et de clichés, tels que les immigrés syriens sont des anges et le racisme ne se trouve que chez les Anglais. Exceptionnellement, Ken Loach n’a pas remporté de prix cette année.
De nombreux critiques pensent que le film « Zone of Interest » mérite davantage la Palme d’Or que « Anatomie d’une chute » de Justine Triet. Voici nos favoris par ordre alphabétique :
- « Anatomie d’une chute » de Justine Triet
- « Club Zero » de Jessica Hausner
- « Il sol dell’avvenire » (Vers un avenir radieux) de Nanni Moretti
- « La passion de Dodin Bouffant » de Trần Anh Hùng
- « L’arbre aux papillons d’or » de Phạm Thiên Ân
- « Rapito » (L’enlèvement) de Marco Bellocchio
- « The Zone of Interest » de Jonathan Glazer
Pour nous, la Palme d’Or HDTV revient à « Club Zero » de Jessica Hausner.
Nguyễn Đình Nhân